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Le cinéma des tropiques.

Trois figures majeures

La Polynésie a toujours eut un fantastique pouvoir d’attraction ; beaucoup d’œuvres artistiques y ont été produites, et cela, dans des domaines divers tels que la peinture, la sculpture, la chanson et bien sûr dans le cinéma. Cet article vous présentera certaines figures majeures issues du XIX siècles et ayant marqués le cinéma en Polynésie.


Gaston Méliès : Les premières images filmées de la Polynésie


L’histoire du cinéma polynésien reste un domaine assez peu connu et peu exploité. L’un des premiers curieux venu s’installer et filmer en Polynésie n’est d’autre que Gaston Méliès frère du célèbre réalisateur. Il naît le 12 février 1852 à Paris et meurt à Ajaccio le 9 avril 1915. À la demande de son frère, il part pour les Etats-Unis où il devait représenter les intérêts commerciaux de la famille Méliès. Il finit progressivement par devenir producteur, passant

aussi devant et derrière la caméra pour devenir réalisateur de films notamment de western. Il passa par New-York puis se dirigea vers la Californie pour des raisons technique notamment pour la question de la lumière. Après avoir réalisé ses films, il se lassa des États-Unis et senti qu'il lui fallait se renouveler, aller encore plus loin, se frotter à des

environnements lointains cinématographiquement vierges ou presque. Venant d'Europe, ayant traversé le continent américain d'Est en Ouest, il ne lui restait plus comme ultime frontière que le Pacifique. C’est ainsi qu'entre 1912 et 1913, il effectue en bateau un périple cinématographique de 10 mois l’emmènent de San Francisco à Yokohama, en passant par Tahiti, Bora Bora, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, Java, Singapour, le Cambodge et le Viêtnam.


Tahiti est la première étape, et qui plus est une étape de choix dont il espère beaucoup. Gaston Méliès séjourna de début août à début septembre 1912. Ce fut une étape essentielle, car c’est là qu’il dut se poser des questions liées à l’altérité, à la représentation, à l’identité. Des questions très modernes, qui nous interpellent encore aujourd’hui. C’est là aussi qu’il posa les bases de ce qu’il allait faire pour le reste du voyage, à savoir tourner au maximum en milieu naturel, et si possible en impliquant la population locale. Sur les 64 films de son périple cinématographique, Gaston Méliès en tourna neuf en totalité ou en partie en Polynésie et seulement deux de ses films ont survécu. Le premier Unmasked by a Kanaka datant de 1913 raconte un drame sous la forme d’un triangle amoureux composé de deux hommes, un natif et un planteur colon nommé Wilkins, qui une fois sa maîtresse écarter tente de séduire Grace, la jolie fille d'un planteur voisin. Malgré la cour, celle-ci se refuse à lui. Il tente de gagner son amour par tricherie, en lui faisant croire que c'est lui qui lui a sauvé la vie lorsque son bateau fut renversé. Par gratitude, elle consent à épouser Wilkins, mais au moment opportun, un Kanaka (natif), frère de sa maîtresse répudiée , révèle le tour, indique le vrai héros, et l’amour de Grace est ensuite légué au propriétaire légitime. Le second film lui s’intitule The Misfortunes of Mr and Mrs Mott on their Trip to Tahiti datant lui aussi de 1913 et dépeint le voyage d’un couple M. Mott, et Mme Mott qui ayant toujours travaillés dur, tombe soudainement sur une grande fortune, et décident d’explorer le monde. Débarqués à Papeete, la capitale le couple assistent à la réception offerte par les indigènes au gouverneur français, M. Géraud, et à l'ex-reine Maoao, puis, ils vont visiter l'île en y découvrant les costumes et les sports spécifiques aux peuples polynésien. Le film montre le récif de corail qui entoure Tahiti, ainsi que de nombreuses coutumes et endroits pittoresques de l’île.


Ces œuvres, selon toute vraisemblance sont parmi les plus anciennes images filmées de Polynésie. Dans les images faites par Gaston Méliès et son équipe, nous découvrons l’arrivée en bateau sur Tahiti, des vues de Papeete, mais aussi de Papara et de ses environs, avec les plantations, le lagon, des notable de l’île comme la reine Marau et son frère Tati Salmon. Gaston Méliès est surtout celui qui tourna vraisemblablement les premières fictions tahitiennes. Il précéda en cela de plus de 15 ans le célèbre Tabu de Murnau et Flaherty, et de plus de 35 ans des films tels que Tanga Tika ou Kon Tiki, faisant de lui en quelque sorte le premier grand pionnier du film en Polynésie.


Robert J. Flaherty : Moana


Robert J. Flaherty réalisateur et écrivain américain, né le 16 février 1884 à Iron Mountain dans le Michigan et décède le 23 juillet 1951 à Brattleboro dans le Vermont au Etats-Unis. Il est considéré aussi comme pionnier ou fondateur de ce que l'on nomme aujourd’hui docufiction ou ethnofiction dont le film fondateur est Nanouk L’esquimau.

Le succès mondial de Nanouk l’esquimau permit à Robert Flaherty et à sa femme Frances d’aller passer deux années dans l’archipel des Samoa en plein Pacifique. Grâce à la petite fille du chef Seumanutafa, ils vont pouvoir partager l’existence des Polynésiens qui vivent là en pleine harmonie avec la nature, à l’écart de toute civilisation moderne. Après le grand nord de Nanouk, ces îles prennent l’apparence d’un véritable paradis terrestre avec ces scènes de cueillette, de pêche et de chasse, d’artisanat et de tatouage.

Moana nous en montre tous les aspects, ce qui est très intéressant. Toute la fin du film est consacrée au rite de passage d’un jeune samoan au statut d’Homme notamment avec la cérémonie du tatouage le film renvoie un caractère ethnologique très nette mis en avant par le montage qui est travaillé de manière assez remarquable, et le cinéaste utilise parfaitement les gros plans pour nous placer près des corps.


Contrairement à son prédécesseur, Moana n’eut pas les faveurs du public. L’une des explications que l’on peut avancer pour expliquer cet insuccès est l’absence de danger apparent ou de tension. Moana de Robert Flaherty est néanmoins un très beau film que nous pouvons voir aujourd’hui dans une version restaurée et sonorisée en 1980 par Monica Flaherty, sa fille, qui l’a accompagnée sur le tournage. C’est aussi l’un des films fondateurs du genre documentaire.


Friedrich Wilhelm : Tabou


Né à Bielefeld alors situé dans l’Empire Allemand le 28 décembre 1888 et mort le 11 mars 1931 à Santa Barbara aux Etats-Unis .Diplômé de l'Université d'Heidelberg, Il est à 24 ans attiré par le théâtre et entre comme élève chez le metteur en scène berlinois Max Reinhardt. On lui doit « Nosferatu le Vampire », 1921, « Le dernier des hommes », 1924, ainsi que « L'aurore », 1927. Arrivé à Tahiti en 1928 avec Robert J. Flaherty, déjà célèbre par la réalisation de Moana, pour y tourner un film. Voici ce qu’il dit.


« Quand notre yatch pénétra dans le port de Bora Bora, les indigènes n'avaient jamais vu même un kodak. J’avais l'intuition que les tabous de ces îles pourraient constituer le thème de mon histoire. Un Tabu n'est autre que ce que le mot tabou signifie : une interdiction jetée non point par les hommes, mais par quelque pouvoir divin. Autour de cette idée nous avions tressé avec Robert J. Flaherty une intrigue aussi simple que possible. Je savais que nous pouvions en faire un film saisissant, si nous avions la chance de rencontrer des acteurs vraiment capables d'en vivre les événements. »

« F.W.Murnau, "L'étoile du Sud", La revue du cinéma N°23 Juin 1931


Tourné entre 1928 et 1929 à Bora Bora, le film Tabu, a story of the South seas, raconte les amours impossibles de Matahi, un jeune pêcheur de perles et d’une jolie vahiné, Reri. Hélas, Hitu le tahua (prêtre) de l’île a destiné Reri à devenir prêtresse sacrée. Ce destin forcé lui impose un «tabou», celui de rester vierge et de consacrer son existence au service des dieux. Mais l’amour sera plus fort et les deux amants fuient au loin. Hitu les pourchasse pour faire respecter le «tabou».


Ce film voit naître un conflit d’intérêts entre les deux réalisateurs en effet leurs conceptions étaient diamétralement opposées.

Robert Flaherty avait écrit un scénario à la gloire de la vie traditionnelle, tout en dénonçant la corruption apportée par la civilisation. Murnau, lui, voulait se servir de la beauté de l’île et des indigènes comme d’un décor exotique pour raconter une histoire romanesque. Murnau, qui était aussi le producteur du film, imposa son point de vue et Flaherty refusa d’être crédité comme réalisateur.


Le tournage long de dix-huit mois fut mouvementé et demeure entouré de légendes. Murnau et son équipe auraient violé un certain nombre de tabous locaux en installant leur quartier général dans un ancien cimetière, ou sur des sites sacrés. Hitu, le chaman, aurait maudit Murnau pour tous les sacrilèges qu'il avait commis. Des incidents, plus ou moins graves, perturbèrent donc le travail : noyades, intoxications, explosions mystérieuses. Murnau lui-même décède dans un accident de voiture, huit jours avant la première de son film prévue le 18 mars à New-York.


Voici la présentation de trois artistes ayant capturés les premières traces, les premières histoires du cinéma sur la Polynésie. De part leurs travaux, ils ont dévoilé un paradis qui restait jusqu’à présent mystérieux et dont personne n’avait saisi la beauté ainsi que la richesse tant dans le lieu que dans le peuple qui y habitait.


Liens annexes des films :

Moana

- https://www.youtube.com/watch?v=xs0FNCp6aRM

- https://www.youtube.com/watch?v=41uZ1lBkm7c

Tabou

- https://www.youtube.com/watch?v=yPP7fWVMptg


 

SANCHEZ Corentin.

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